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Colloque: Et si nous habitions autrement - 2000

 

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 Comment concevoir un habitat groupé ?  

 

Les personnes qui rêvent d’un habitat groupé ou qui se sont lancées dans une expérience de ce type dépassent en quelque sorte le besoin de se sentir chez soi par un souhait d’attention plus particulière à autrui. C’est une aventure qu’ils ont désirée et choisie avec l’objectif explicite d’un vécu plus social et plus riche. Cela ne va pas pour autant de soi et l’équilibre n’est pas toujours facile à trouver et à entretenir entre intériorité de chaque habitant et relation aux autres.

                Or, les besoins d’intériorité de chacun en terme de conscience de soi, d’intimité, de possibilité d’isolement ou de calme, doivent pouvoir se combiner avec des valeurs plus collectives de solidarité, d’entraide, de partage des tâches ou de participation à des projets communs.

                Cette dimension d’équilibre doit donc être prise en compte dès la conception de l’habitat par les futurs habitants ou tout au moins ceux qui en sont les incitateurs.

                En d’autres termes, si l’habitat classique unifamilial se conçoit essentiellement comme art de vivre chez soi, l’habitat groupé dépasse cette perception de bien-être individuel dans la recherche d’un art de vivre ensemble.

                La mise en oeuvre d’un habitat groupé requiert dès lors une préparation beaucoup plus importante qu’un habitat unifamilial. Impossible de l’imaginer sans y intégrer toute une série de dimensions communautaires dans lesquelles pourront s’inscrire les habitants qui s’y rallieront.

                Le projet de vie y est plus important que les lieux de vie, même s’il importe que ceux-ci soient adaptés au mode de relation entre parties privatives et parties collectives et que ces dernières puissent répondre de manière satisfaisante au projet communautaire lui-même.

                Un habitat groupé ainsi conçu va donc bien au-delà d’une addition d’habitats unifamiliaux qui n’auraient d’autre ambition que de réduire les coûts marginaux et d’acquérir et gérer en commun des biens onéreux, telles des aires de jeux ou de parcage. C’est une aventure qui peut conduire à des expériences de grande convivialité mais qui suppose de tous ceux qui s’y engagent attention aux autres et respect des engagements pris ainsi que le désir profond de lier son bien-être à celui d’autres.

                Certains projets tentent de rompre les cloisonnements entre tranches d’âge de notre société actuelle. Cette aspiration à une convivialité intergénérationnelle a ses limites et doit être d’autant mieux réfléchie qu’elle implique l’intégration de dynamismes et de perspectives d’avenir fort différents.

                De tels lieux de vie sont pensables et certains existent d’ailleurs. Ils permettent aux personnes plus âgées de ne pas être reléguées dans des lieux exclusivement <<pour vieux>>, ce qui leur permet de conserver plus aisément leur dignité de personnes. La confrontation aux aléas de la vie communautaire, si restreinte soit-elle, les empêche par ailleurs de se lover sur elles-mêmes et sur les petits maux qui souvent pèsent sur l’âge. Il est paraît-il un proverbe qui dit qu’à 50 ans, si on se réveille sans avoir mal nulle part, c’est qu’on est mort. Ce doit être un proverbe assez ancien et nous sommes mieux <<conservés>> aujourd’hui, mais remplaçons 50 ans par 70 et le proverbe sera actualisé.

                L’habitat groupé intergénérationnel devra tenir compte des aspirations et des rythmes de vie différents des uns et des autres, et cela dans son architecture même, notamment pour les aires de détente et l’étanchéité au bruit des modules individuels.

                De toute manière, dans tout projet de vie en habitat groupé, et peut-être plus encore dans les projets intergénérationnels, il importe que tous ceux qui s’y engagent soient animés d’une réelle envie d’inventer un nouvel art de vivre ensemble.

                Même alors pourtant, des écueils peuvent apparaître. Les personnes engagées dans des projets d’habitat groupé en ont relevé plusieurs lors des ateliers du colloque et nous y faisons écho ci-dessous. Ces éléments ne constituent bien sûr pas une liste exhaustive de ce dont il faudrait tenir compte, mais ils permettront de prévenir certaines difficultés.

             

   Etre à soi avant d’être aux autres

                La vie en habitat groupé reproduit, tantôt plus tantôt moins suivant les projets, la dynamique qui habite tout groupe, avec les difficultés de chacun à se situer et à se faire reconnaître par les autres. Certaines personnes -- et ce peut être leur motivation inconsciente pour une vie plus communautaire -- peuvent se trouver entraînées dans un souci des autres sans limite d’espace ni de temps. Elles y trouvent dans un premier temps la reconnaissance qu’elles espèrent, mais perdent bientôt toute possibilité de se retrouver elles-mêmes. Incapables de refuser quoi que ce soit à qui que ce soit, elles se retrouvent surmenées et incapables de reprendre pied, au point de ne trouver le salut que dans la fuite de la communauté. Vivre en commun, quelles que soient les précautions organisationnelles qui ont pu être prises, c’est savoir se ménager, respecter et faire respecter un espace personnel suffisant, pour être à soi avant d’être aux autres. Le risque le plus grand dans une vie communautaire, c’est de devoir se cacher des autres pour être soi.

           

 Penser à la continuité du projet

                Quels que soient les objectifs du projet d’habitat groupé, son organisation doit intégrer la notion de continuité au-delà de ceux qui le mettent en oeuvre. Penser à ce propos à un éventail d’âges suffisamment large et à l’impact des aspects juridiques et d’héritage sur cette notion de continuité.

            

 Préciser les objectifs et les modalités

                Les objectifs et les modalités doivent être clairement précisés pour toutes les personnes qui vont intégrer l’habitat groupé, qu’elles y participent dès sa fondation ou qu’elles le rejoignent par la suite. Sans cela, le risque est grand qu’il y ait rupture entre la vie de la communauté et l’attente de certains, soit qu’ils se sentent coincés par des aspects qu’ils ignoraient et dans lesquels ils se trouvent engagés malgré eux, soit au contraire qu’ils se retrouvent intégrés dans un projet trop restreint quant à ses objectifs au regard de leurs aspirations.

             

  Prévoir la résolution des conflits

                Il ne suffit pas d’être toutes et tous bien au clair sur les objectifs et les modalités du vivre ensemble pour que par la suite il n’y ait plus qu’à nager dans le bien-être. Il y a un chemin important entre le rêve d’un art de vivre ensemble et le passage à la réalité. Le passage aux actes confronte nécessairement à des imprévus et à la découverte de malentendus d’ailleurs inévitables. Il y aura donc des tensions à apaiser et des conflits à résoudre. Ce ne sont des écueils que s’ils sont considérés par certains comme le refus d’une partie des membres de s’aligner sur ce qu’ils estiment être la vérité du groupe. En dehors de ce cas de figure, malheureusement fréquent, tensions et conflits peuvent au contraire être stimulants et permettre d’aller plus avant dans l’affinement de l’art de vivre ensemble de la collectivité. Les modalités même du vivre ensemble peuvent d’ailleurs avoir utilement intégré la question de ces tensions et conflits, en prévoyant par exemple soit des règles de prise de décision pour les questions qui relèvent du collectif, soit un modérateur, intérieur ou extérieur.

             

 Bien concevoir l’architecture

                L’architecture même de l’habitat groupé, même dans certains détails, peut conditionner positivement ou négativement les modalités du vivre ensemble. Ainsi, il n’est pas indifférent que chaque module unifamilial ait son accès indépendant. Ainsi de même un aménagement inadéquat peut exclure certaines personnes handicapées, par l’âge notamment, de l’accès à certaines parties de l’habitat ou tout au moins les rendre dépendantes des autres pour pouvoir y accéder.

Il y a lieu aussi de penser l’architecture des parties communes de l’habitat, leurs conditions d’accès et d’utilisation, en fonction non seulement de la vie interne de l’habitat groupé, mais également de la vie sociale extérieure de chaque personne qui y habite. Pouvoir recevoir sa famille ou des amis sans être dérangé par les autres habitants du lieu et sans les déranger n’est pas un luxe, c’est une sécurité. L’enfermement au sein du groupe est un risque à ne pas négliger.

             

   Même si l’on a un projet commun, définir les modalités de vie

                Il est possible que vivre en habitat groupé ne soit pas la seule perspective du projet et que les résidents soit mobilisés réunis par des préoccupations ou des goûts communs. Cela permettra peut-être une cohésion plus grande du groupe mais ne permettra pas de faire l’économie d’une explicitation claire des objectifs du projet d’habitat lui-même et des modalités du vivre ensemble. Des dispositions complémentaires devront même être clairement convenues à propos du <<sur-projet>> mobilisateur. Lui-même en effet pourra être source de tensions qui devront elles aussi être gérées. Ainsi, un habitat groupé <<à projet>> peut se révéler beaucoup plus riche, mais cela n’atténuera pas nécessairement les écueils qui émaillent toute vie en commun.

              

  Concevoir le projet avec une équipe limitée

                Il n’est pas impossible que la conception d’un projet d’habitat groupé puisse réunir dès le départ l’ensemble des futurs habitants. Celui-ci risque toutefois de rester à l’état de projet en raison de la difficulté d’harmoniser tous les points de vue et toutes les aspirations. L’élaboration d’un projet d’habitat groupé par une petite équipe de personnes qui se connaissent bien et qui proposent ensuite à d’autres de les rejoindre en connaissance de cause, quitte à ce que l’équipe de base tienne compte de leurs observations, semble être un chemin plus efficace, tant sur le plan de la réalisation effective du projet que sur la clarté des engagements à prendre par les personnes désireuses d’y participer.

 1. Ce chapitre a été rédigé suite aux échanges d’un des ateliers du colloque du 20/10/2000, qui réunissait des personnes engagées dans différents projets d’habitat groupé.

 

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http://www.age-et-vivre.org/
Coloc seinor 

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