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Les utopies urbaines

entre crise et renouveau

Article paru dans La Revue des deux mondes, avril 2000, pp. 110-117
Source:  http://www.enpc.fr/enseignements/Picon/Villeutopie.html

 

par ANTOINE PICON

Chercheur associé au LATTS

Professeur à la Harvard School of Design

Apicon (AT) gsd.harvard.edu

Né le 3 août 1957 à Saint-Etienne, Loire. Nationalité française.

Diplômé de l'Ecole Polytechnique en 1979 et de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées en 1981.

Architecte D.P.L.G. en 1984.

Docteur en histoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

 

Depuis la Renaissance, les discours sur la ville qui se sont proposés de l'améliorer, de la rendre plus rationnelle et plus belle, ont entretenu des liens nombreux avec l'utopie. Au milieu des années 1960, au plus fort de l'intérêt suscité par la relecture de l'úuvre de Saint-Simon, Fourier et Owen dans une perspective annonçant les mouvements contestataires de la fin de la décennie, Françoise Choay insistait sur ces liens en publiant une anthologie restée fameuse : L'Urbanisme. Utopies et réalités (1). De tels liens n'avaient rien d'étonnant pour le lecteur, car chercher à planifier la ville, c'était imaginer dans le même temps une vie harmonieuse présentant des caractéristiques utopiques. A l'inverse, la régularité sociale décrite par l'utopie avait souvent recours à des dispositifs spatiaux capables de lui donner un caractère plus concret. Dans la littérature utopique, les exemples de villes ou d'établissements idéaux ne manquaient pas, de la Cité du Soleil de Tommaso Campanella au Phalanstère fouriériste. Dans la production théorique relative à la ville et à l'architecture, les évocations de sociétés réglées comme des utopies ne faisaient pas non plus défaut, que ce soit chez des architectes de la fin du XVIIIe siècle comme Claude-Nicolas Ledoux, ou chez les pères fondateurs de l'architecture moderne, Walter Gropius et Le Corbusier en Europe, Frank Lloyd Wright de l'autre côté de l'Atlantique. En 1965, cette tradition de connivence entre pensée urbaine et utopie occupait le devant de la scène urbanistique et architecturale avec les écrits d'un Buckminster Fuller annonçant que le monde devait choisir entre l'utopie et l'anéantissement (2), avec les nombreux projets de villes nouvelles qui voyaient le jour un peu partout dans le monde, tandis que le groupe anglais Archigram imaginait des mégastructures ludiques pour une humanité ayant enfin compris les leçons conjuguées de la cybernétique et de la bande dessinée populaire américaine (3). Dans certains projets d'Archigram, la connotation utopique se parait toutefois de couleurs sombres annonçant la production contre-utopique italienne du début des années 1970. Utopie/contre utopie : l'alternative naissante s'avérait toutefois moins déterminante que le lien avec la question fondatrice posée par Thomas More et ses successeurs concernant la possibilité d'un monde radicalement différent.

 

Vingt-cinq ans plus tard, il semble que la veine utopique se soit tarie en matière d'urbanisme et d'architecture. Le thème ne fait d'ailleurs plus recette chez les étudiants de ces deux disciplines. Qu'il s'agisse de planifier ou de dessiner, le réalisme est de mise, un réalisme qui confine parfois au cynisme lorsque les urbanistes et les architectes acceptent d'être manipulés par leurs commanditaires, pour mieux manipuler en retour ceux qui doivent vivre dans les espaces qu'ils conçoivent. La reconnaissance du rôle structurant des grandes compagnies internationales, des logos et des marques a pris le dessus sur la recherche de solutions alternatives. Le paysage urbain est devenu un paysage de la consommation de masse, troué par des infrastructures géantes reliant les centres commerciaux aux quartiers résidentiels, ponctué d'enseignes franchisées qui se répètent d'un bout à l'autre de la planète.

 

Cette situation n'est pas sans curieux paradoxes. Beaucoup de professionnels de la ville et de l'architecture se désolent de l'anémie politique et sociale de leurs disciplines, de l'incohérence des séquences spatiales qui résultent des dictats de la consommation de masse, tout en contribuant à leur manière à cette anémie et à cette incohérence. Faut-il s'arrêter de projeter parce que les enjeux ne sont plus aussi clairs qu'autrefois ?

 

Plus étonnant encore, au sein du star system de la ville et de l'architecture, parmi les vedettes dont les réflexions et la pratique font recette auprès des étudiants et des jeunes professionnels, on trouve des concepteurs qui se sont formés au contact étroit de l'utopie ou de la contre-utopie des années 1960-1970. Les architectes Rem Koolhaas ou un Bernard Tschumi sont du nombre. Leurs projets recyclent fréquemment, sur un mode à la fois amoral et ludique, des hypothèses qui avaient été élaborées en relation avec la question de l'utopie. Chantre de la ville sans limite, d'une urbanité sauvage à la façon des mégalopoles asiatiques et d'une forme architecturale libérée du carcan des convenances, un Rem Koolhaas doit beaucoup à l'architecture radicale italienne du début des années 1970, aux projets des groupes Archizoom et Superstudio en particulier (4).

 

Ces indices donnent à penser que l'utopie n'a pas totalement disparu de la scène urbaine et architecturale. Son extinction supposée en tourmente certains, tandis que d'autres demeurent obsédés par les traces qu'elle a laissées au point de s'en servir pour de nouvelles fondations. De ce point de vue, la situation de l'urbanisme et de l'architecture n'est peut-être pas très différente de celle qui prévaut dans d'autres champs de la culture. De la philosophie à la sociologie, de l'histoire à la littérature, la fin des grands discours eschatologiques laisse comme un arrière-goût amer dans la bouche de ceux qui les enterrent. Sans toujours l'avouer, les contempteurs de ces discours leur empruntent encore de nombreux éléments d'analyse.

En matière urbaine et architecturale, ces emprunts trouvent toutefois leurs limites dans l'évolution récente des villes et des territoires qui vient bousculer des évidences que l'on avait longtemps admises à leur sujet. Tout d'abord, la ville n'est plus finie comme autrefois. Plus grave encore, sa forme tend à devenir secondaire au regard de déterminations comme les liens qu'elle entretient avec d'autres métropoles, le degré de développement économique des territoires dont elle se compose, ou encore les temps de transport entre ces territoires (5). Certes, tout n'est pas nouveau dans cette évolution, mais l'image de la ville s'est profondément modifiée ces dernières années. Les hésitations du vocabulaire spécialisé en témoignent. Les uns évoquent le passage de la ville à l'urbanisation, les autres parlent de métapole ou encore de ville émergente (6).

 

La ville illimitée, la ville sans forme clairement reconnaissable n'a plus grand chose à voir avec les compositions urbaines idéales des utopies d'autrefois. A cela s'ajoute le caractère de plus en plus événementiel de l'identité et de la vie urbaines. Une ville se reconnaissait à sa structure spatiale. Elle tend à se définir aujourd'hui au travers d'événements qui vont des grandes manifestations sportives aux émeutes, en passant par les catastrophes naturelles et les embouteillages. Il n'est qu'à songer pour s'en convaincre à l'importance symbolique qu'a revêtu la Coupe du monde de football à Paris, ou à celle de l'explosion sociale de 1992 à Los Angeles (7).

 

Dans la ville des utopies traditionnelles, il ne se passait rien, la perfection de l'organisation sociale excluant tout débordement, qu'il soit festif ou violent. La grande ville contemporaine s'organise en revanche au travers d'une trame serrée d'événements qui la débordent en tous sens.

 

Un tel débordement a beau être constitutif de l'identité urbaine, il n'en contribue pas moins à obscurcir la direction dans laquelle évolue la ville. Plus précisément, la multiplication des événements suspend le temps historique, ou plutôt le dilue dans une suite indéfinie d'instants tous également remarquables. C'est à sorte de "fin de l'histoire" que l'on semble assister en matière urbaine, une fin à coup sûr différente de celle qu'avait annoncée un Fukuyama (8). Trop étalée désormais pour que sa croissance soit encore perceptible à l'oeil nu, la grande ville paraît baigner dans un éternel présent, ou relever de rythmes qui n'ont plus grand chose à voir avec ceux de l'histoire immédiate.

 

Une autre façon d'appréhender ce phénomène consiste à voir dans la ville contemporaine un environnement plus qu'une construction, une sorte de nature qui serait venue se substituer au cadre naturel pour la plupart des habitants de la planète. Avec cette naturalisation de la ville, le temps urbain semble relever de cycles comparables à ceux du climat, avec ses fluctuations quotidiennes et ses variations multiséculaires. L'importance accordée à la météorologie, le caractère obsédant pris par des questions à très long terme comme le réchauffement de la terre pourraient bien participer de la mise entre parenthèses de la sensibilité historique.

Cette mise entre parenthèses est probablement provisoire. Elle n'en contraste pas moins avec le sentiment aigu de l'imminence d'un futur différent qui s'était exprimé par l'intermédiaire de l'utopie depuis le début du XIXe siècle au moins. Car ce que des utopies comme le Saint-Simonisme ou le Fouriérisme avaient en commun, à la veille des bouleversements de l'ère industrielle, c'était la conviction que l'histoire avait un sens et qu'elle allait entraîner des changements irréversibles.

 

Davantage qu'à l'éternel présent de la pensée libérale, pour laquelle il ne saurait y avoir d'avenir viable fondé sur d'autres principes que ceux de l'initiative individuelle et de la loi du marché, c'est à cet autre présent des réseaux d'information que l'on songe immédiatement. Comme la ville, les réseaux constituent des environnement plus encore que des constructions ou des systèmes au sens traditionnel. Comme elle, ils se parent d'une étrange forme de naturalité. Comme la nature enfin, bien qu'ils aient leurs âges et leurs degrés de développement, ils semblent baigner dans une perpétuelle actualité. Contrairement à ce que l'on entend souvent affirmer, l'Internet ne baigne pas dans le futur, mais dans le présent ; il n'annonce pas des jours meilleurs mais une clarté perpétuelle, polaire, révélant crûment la société à elle-même, y compris dans ses inégalités les plus choquantes (9).

Mais en même temps qu'ils semblent entériner l'épuisement définitif de l'utopie, les nouveaux réseaux d'information font ressurgir des attentes que l'on croyait mortes, le désir de redonner un sens à la vie individuelle et collective, des rêves de transparence et de communication universelle. Il y a très probablement de l'utopie à l'úuvre dans l'Internet. Cette utopie présente un caractère urbain. Elle tend à nous dire quelque chose sur les villes et sur leur devenir, même si les projets de cités électroniques sont souvent très en retrait de l'espoir qui leur a donné naissance (10).

 

Sur de nombreux points, la dimension utopique dont se parent les nouveaux réseaux d'information et de communication rompt avec le registre de l'utopie traditionnelle. Elle est à la fois beaucoup plus globale, et intimement liée à des pratiques quotidiennes : se connecter, lire son e-mail, parcourir le Web à la recherche d'informations ou pour y faire des achats. Elle tend à court-circuiter du même coup les plans intermédiaires sur lesquels entendaient agir les utopistes, ceux de l'organisation politique et productive, ceux de la culture au sens institutionnel. Un tel court-circuit est probablement lié à la nature profonde des transformations en cours. La mondialisation tend précisément à supprimer tous les obstacles s'opposant à la mise en contact direct des appareils économiques et culturels planétaires et des individus (11). Génératrice d'angoisse, une telle situation n'en est pas moins porteuse d'un fort potentiel utopique.

 

Ce potentiel pourrait bien préluder à une redéfinition radicale de l'utopie. Après tout, ce ne serait pas la première fois que l'utopie changerait de nature. Il n'est qu'à songer pour s'en convaincre aux multiples différences entre les utopies de la période préindustrielle et celles du XIXe siècle, les unes décrivant des contrées imaginaires, sur le modèle du récit publié par Thomas More en 1516, les autres évoquant l'état futur et universel d'une humanité enfin délivrée de ses maux. L'utopie ne forme pas un genre qui échappe à l'histoire pour la rendre pensable ; elle apparaît plutôt comme une série de propositions historiquement déterminées (12).

 

Les utopies de l'ère de la communication parvenue à maturité risquent de ne plus ressembler du tout à celles dont nous portons encore le deuil. Globales, mais aussi proches de l'expérience quotidienne, elles permettront peut-être d'agir plus efficacement sur les métropoles, ces villes sans structure spatiale claire, ces villes informes qui s'organisent en fonction de réseaux d'échanges économiques et culturels de plus en plus vastes, ainsi qu'à partir des pratiques différentiées de leur habitants.

 

De telles utopies s'accompagneront probablement de l'émergence d'un nouveau sujet. Un tel sujet, placé en contact direct avec les grands appareils mondiaux, et plus seul que jamais dans un monde livré à la compétition entre les individus, demeure pour l'instant nimbé de flou. Une chose est sûre, il entretiendra des rapports intimes avec la technologie, ne serait-ce qu'en raison de son caractère vital dans un monde fondé sur l'accès à l'information. L'intimité avec la technologie fait que l'on évoque souvent à son propos la figure du cyborg, ce mixte de chair et de machine, cette figure caractérisée à la fois par la proximité avec les réseaux de communication et par la solitude existentielle. A côté de la littérature de science-fiction et du cinéma, une telle figure hante toute un pan de la réflexion philosophique, anthropologique et historique contemporaine (13). Les utopies de l'ère de la communication s'adresseront-elles à des cyborgs ?

 

Sans trancher sur ce point, on ne peut qu'être frappé par l'ampleur des transformations qui affectent d'ores et déjà les catégories de la vision. Tout regard présuppose un sujet ; or le regard que nous portons sur le monde est en train de changer. Nous voyons de beaucoup plus loin et de beaucoup plus haut que ceux qui nous ont précédés. Peu après avoir inventé la perspective, l'homme renaissant s'était élevé par la pensée au dessus de ses principales villes pour en faire le portrait (14). Grâce aux satellites, c'est l'ensemble de la terre que nous pouvons observer comme une tapisserie aux motifs variés. A l'autre extrémité de l'échelle de la vision, nous sommes capable de percevoir les phénomènes les plus ténus, cristallisations, micro fissures. Nous voyons de beaucoup plus près et, comme l'avait suggéré Pascal dans ses Pensées, ce sont des mondes entiers qui se révèlent à nous dans les plis de la matière. Aux deux échelles que l'on vient d'évoquer, la présence obsédante de la technologie, satellite ou microscope, semble là encore militer en faveur de l'hypothèse du cyborg.

 

Faut-il s'effrayer de cette mutation ? Au même titre que le sujet idéal de la Renaissance ou le citoyen des Lumières, le cyborg n'est jamais qu'une fiction. L'utopie pourrait bien résider en définitive dans cette réinvention perpétuelle de l'image de l'homme qui constitue l'une de signes les moins équivoques de l'humanité. Comme toutes les cités qui l'ont précédée dans l'histoire, la grande ville contemporaine porte la marque de cette réinvention.

NOTES

(1) F. Choay, L'Urbanisme. Utopies et réalités, Paris, Le Seuil, 1965.

(2) R. Buckminster Fuller, Utopia or oblivion : The Prospects for humanity, Bantam Books, Toronto, New-York, Londres, 1969.

(3) Sur Archigram, voir par exemple Archigram, catalogue d'exposition, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1994.

(4) Cf. D. Rouillard, D. Rouillard, ""Radical" architettura", in Tschumi une architecture en projet : Le Fresnoy, Paris, Éditions du Centre Georges Pompidou, 1993, pp. 89-112.

(5) Voir par exemple P. Veltz, Mondialisation, villes et territoires. L'Économie d'archipel, Paris, P.U.F., 1996.

(6) F. Choay, "Le Règne de l'urbain et la mort de la ville", in J. Dethier, A. Guiheux (dir.), La Ville, art et architecture en Europe, 1870-1993, Paris, Editions du Centre Pompidou, 1994, pp. 26-35 ; F. Ascher, Métapolis ou l'avenir des villes, Paris, Odile Jacob, 1995 ; Y Chalas, G. Dubois-Taine (dir.), La Ville émergente, La Tour d'Aigues, Les éditions de l'Aube, 1997.

(7) Dans le cas de Los Angeles, l'importance de l'événement, qu'il soit réel ou imaginaire, constitue le thème du dernier livre de Mike Davies, The Ecology of Fear: Los Angeles and the imagination of disaster, New York, Vintage Press, 1999.

(8) F. Fukuyama, The End of history and the last man, New-York, Macmillan, 1992.

(9) Il est frappant de constater à quel point, loin de contribuer à résorber les inégalités de développement économique, l'Internet ne fait que les révéler plus avant. L'Afrique est par exemple le continent le moins irrigué par les nouveaux réseaux d'information.

(10) On trouvera un bon exemple de ces projets dans W.-J. Mitchell, City of bits. Space, place and the infobahn, Cambridge, Massachusetts, The M.I.T. Press, 1995 ; W.-J.. Mitchell, E-topia. "Urban life, Jim — But not as we know it", Cambridge, Massachusetts, MIT Press, 1999.

(11) Cette mise en contact s'opère notamment par l'intermédiaire de la consommation de masse.

(12) Le caractère anhistorique de leur conception de l'utopie constitue à notre sens la principale limitation d'ouvrages classiques comme ceux de Karl Mannheim ou d'Ernst Bloch. Voir notamment K. Mannheim, Ideology and utopia, Bonn, 1929, trad. angl. New York, Harvest/HBJ, 1985 ; E. Bloch, Le Principe espérance, Francfort, 1959, trad. fr. Paris, Gallimard, 1982.

(13) Voir notamment D. Haraway, " Manifesto for cyborgs: Science, technology, and socialist feminism in the 1980s", in Socialist review, vol. 15, n° 2, 1985, pp. 65-107 ; D. Haraway, Simians, cyborgs and women: The Reinvention of nature, New-York, Routledge, 1991 ; P. Edwards, The Closed world. Computers and the politics of discourse in cold war America, Cambridge, Massachusetts, M.I.T. Press, 1996. Nous avons déjà eu recours à cette figure à propos des mutations urbaines contemporaines dans A. Picon, La Ville territoire des cyborgs, Besançon, Les éditions de l'Imprimeur, 1998.

(14) Cf. A. Picon, J.-P. Robert, Un Atlas parisien. Le Dessus des cartes, Paris, Editions du Pavillon de l'Arsenal, Picard, 1999

 

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