19-12-2023
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Projet
Novalis - Montréal
pour une communauté d’artistes et de
libres
penseurs
...
par Frédéric L. MIR ... son rêve éveillé
La
recherche du plaisir, de la liberté et de la réalisation de
l’individualité, sont les uniques mobiles de la race humaine
susceptibles d’acquisition, dans notre société, à travers l’œuvre
créatrice.
Lettre ouverte #1 ~ avril
2000 ~
... SVP, faites circuler ...
Ça fait bien deux ou trois ans déjà que le projet Novalis,
communauté encore hypothétique d’artistes et de «libres
penseurs ». Cette page décrit un projet passablement ambitieux : une communauté
urbaine d’environ 50 personnes vivant ou oeuvrant dans un même lieu,
véritable complexe de chambres, d’ateliers, de salles communes, avec
une cafétéria, une fontaine d’eau dans le hall d’entrée, etc.
Aujourd’hui, bien que cette vision grandiose demeure dans mon collimateur, ainsi peut-être que dans celui des 30 quelques personnes
qui m’ont manifesté leur intérêt par e-mail ou dans des
conversations sporadiques et exaltées, je préfère lancer le projet de
façon plus modeste. Car je lance bel et bien le projet Novalis, après
un long silence durant lequel le projet, rondement réalisé dans mes rêves
et carrément au-dessus de mes forces dans la réalité qui fut mienne,
m’a peu à peu, en même temps que je me guérissais de mon irréalisme,
révélé ses conditions de possibilité, sa quadrature germinale très
complètement désutopisée. Du moins je l’espère. Ce lancement
officiel coïncide avec la première parution du projet dans le répertoire
de la FIC (la Federation of Intentional Communities, www.ic.org/)
-- heureux hasard, car je suis prêt maintenant à relever le défi posé
par mes rêves ...ET leurs conséquences.
Un projet plus modeste, donc. Il me semble aujourd’hui qu’une
colocation (ou plusieurs) à 12, 10 ou même jusqu’à 3 ou 2 personnes
est tout à fait suffisante pour commencer. Mais on ne sait jamais...
peut-être le fameux complexe décrit précédemment n’est-il pas si
irréalisable à court terme. Cela dépend de la réponse que cet appel
recevra. Mon objectif, pour l’été 2000, est (1) de trouver au moins
un ou une coloc, mais idéalement davantage, avec qui louer un
appartement ou une maison où seront aménagées au moins une des pièces
communes que je décrirai ci-après et (2) de rassembler au moins une équipe
désireuse d’oeuvrer à un des projets que je décrirai également
ci-après. Dans une approche modulaire, des pièces communes pourraient
aussi être aménagées à l’intérieur d’autres maisons ou
appartements... L’idée, c’est de donner aux équipes, activités,
projets et ateliers des espaces de réalisation en même temps que de
favoriser les contacts et les échanges humains (ou sur-humains, qui
sait...).
Afin de trouver ces personnes avec qui synergiquement m’associer,
tout en donnant l’occasion à d’autres personnes intéressées par
des projets similaires de s’associer entre elles, je propose une première
rencontre, samedi le 15 avril à 11h (AM) au sous-sol du Commensal --
1720 Saint-Denis, à Montréal, en invitant chacun-chacune à venir y décrire
clairement (ou confusément, selon les goûts) ses visions (ou ses vélléités)
de colocation, d’ateliers, de projets, de modules, de modes de vie,
bref de modulus vivendi. C’est alors que nous verrons si
des pièces du puzzle s’imbriquent les unes dans les autres et si les
spores bien étalés sur la table, dans un souci de transparence, sont
susceptibles de tisser entre eux des réseaux fructueux. Je vous invite,
vous instille, que dis-je, vous exhorte à bien, à très bien
penser aux structures, tant architecturales que relationnelles, à
l’intérieur desquelles nos libertés pourront se déployer sans
(trop) se heurter. Il s’agit, à mon avis, et c’est ce que je
sous-entendais par le critère de « non-jalousie »
dans la description du Novalis envoyée à la FIC (voir annexe ci-bas),
d’atteindre à un respect des libertés respectueuses des libertés
respectueuses... Etc. Sous les pavés des possessions exclusives, les
plages d’espaces-temps associatifs et de projets collectifs. Ouais
!...
Si, donc, nous démarrons un Novalis modulaire, battant différents
pavillons, où s’en arrêteront les frontières -- qu’est-ce qui
sera du Novalis, qu’est-ce qui n’en sera pas ? Je suggère que le
nom Novalis soit réservé non pas à un endroit, mais à une entité,
disons un *institut*, occupant fluidement plusieurs espaces-temps (donc
un Novalis aux frontières fractales et sporadiques) -- un institut,
donc, (très, très sérieux, soulignons-le) de recherche et développement
en idéalisme magique (oui-oui, c’est bien cela), dont la charte reste
à définir. Je ne veux pas penser cet institut tout seul dans ses
moindres détails. Enfin, dans ses moindres détails, oui, mais pas tout
seul. Invitation est ainsi lancée, comme ça, avec désinvolture (une désinvolture
impliquée), de créer la chose. On me demandera peut-être, et je
l’attendais impatiemment : « mais qu’est-ce donc que
l’idéalisme magique ? » Tel que je le conçois, c’est
tout smiplement (smic) un idéalisme qui marche, qui est effectif, qui
soit (sans épate, mais quand même) l’outil convivial, quoi, et
c’est entre autre en cela qu’il est magique. Je m’arrête là, de
peur de gâcher l’effet... ?
Mes pièces du puzzle :
-
à l’entrée du pavillon que je me vois habiter et entretenir
(et non pas battre, il y a toujours bien des limites !), il y a un
petit dévestibule où accrocher son manteau, enlever ses bottes,
cirer ses moustaches, mirer sa tronche, etc.
-
flanquant ce mignon dévestibule, un mignon cocron, séparé
d’icelui par une tout ce qu’il y a de plus banale porte-guichet-vitrée-à-verrou. Dans ce mignon cocron,
qu’enjolive quelques plantes (vertes, comme il se doit), un petit
secrétariat, fait d’une confortable chaise pivotante (ou deux),
un téléphone, des tiroirs, des tablettes, des crayons, et tout l’tralala, mais surtout : un ordi (j’en ai deux, j’en cède
volontiers un à la commune). Cet ordi est bien entendu conn*nn,nn#nn’necté à l’hypernet et fonde à lui seul (ou peu
s’en faut) le tout premier ILOT de l’ARCHIPEL (voir description ci-bas). Un ILOT est un Info-centre Local d’Opérations de Télécommunication
d’où l’on peut accéder à l’interminable réseau. Un ILOT
est entretenu par un, une ou des co-pilotes de l’ARCHIPEL,
personnes-ressources capables d’aider les externautes à créer
leurs pages ouais!-be, faire des recherches avancées par mots-clefs
sophistiqués et s’ouvrir un compte y-mêle. Cet ILOT, doux
bivouac des secrétaires de passage, seule pièce commune à
laquelle je tiens mor-di-cus, servira à tout un tas de trucs,
autant à l’interne que pour la communauté envoisinnante. Entre
autres, il pourra être le siège et le poste de contrôle d’un
petit système d’échange très local. On pourra, en un tour de
manivelle, s’y renseigner sur tout ce que l’envoisinnage demande
et a à offrir à chaque moment. Vous ne savez pas ce qu’est un
système d’échange local ?
-
après s’être bien dévestibulés, les visiteurs tomberont sur
un couloir-galerie-d’art (un corrid’art) où s’ouvre d’emblée
un accueillant salon-bibliothèque-bar-à-jus. Que dire de ce salon,
sinon qu’il sera chouette et cosy ? Ah oui, il pourrait bien
s’accomoder d’un piano droit et d’une horloge grand-père.
-
plus loin, outre quelque continuum de chambres/ateliers/wc, la
cuisine-salle-à-manger, avec une grande table et un comptoir en îlot
(réservé aux Opérations Culinaires, celui-là), surplombé de
toute une panoplie d’ustensiles autant utiles que rutilants. Une
ouverture pourrait communiquer avec le salon ou se taire, c’est
selon, servant de casse-croûte à l’occasoù. Un détail au sujet
de la cuisine : le compostage se ferait sur le balcon attenant, et
non pas dans l’évier. Un autre « détail »
: y mangerait-on de l’aviande qu’on s’en mordrait les doigts. Because
in « meat » there is a « me ».
-
au fond du corrid’art, un tortiscalier (d’art itou) donnant
sur un atelier collectif ...d’art, ciboire ! Cet « artelier » contient des chevalets, tout l’matériel, quelques
tabourets, un ou plusieurs gros bean-bags, un petit système de son, d’la musique, pis c’est toutt. C’est ben assez. C’t’en
masse. C’t’au boutttt ! Ça peut servir aussi de deuxième
salon, de salle de réception/partés, de salle de vernissage (ni
fou, s’il y a des smart drinks :), ainsi que d’atelier de
bricolage et d’autres bricoles.
-
pis là, y’a ma chambre, pis s’qu’y’a d’dans, ça vous r’garde pas, ok ? Un détail, pourtant : j’aimerais bien
qu’elle donne sur un balcon avec un beau clair de lune et que ce
balcon soit relié au sol par un escalier de secours, pour que je
puisse aller et venir sans que tout l’Novalis soit au courant.
-
à côté de ma chambrette, une pièce bien éclairée où
poussent moult plantes médicinales ou comestibles (de l’herbe de
blé, entre autres), dont je me ferais de bonne grâce le
bienheureux jardinier attitré, si tant est qu’il en faille un.
Cette pièce, ouverte durant le jour, serait fermée durant la nuit,
période pendant laquelle les végétaux, plutôt que d’exhaler un salutair’ oxygène, crachent leur C-Odieux par les fenêtres. Ce véritable
poumon communautaire sert aussi de salle de relaxation, méditation,
lecture, etc. Bien entendu, il est judicieusement parsemé de
coussins aussi confortables que multicolores.
-
puis, au-delà d’un autre bout du continuum communautaire (le communuum ?), un cogitarium coco-lectif, à savoir : une pièce
contenant un tableau noir, une grande table entourée de chaises,
une bibliothèque d’ouvrages de référence et au moins un ordi
(relié en réseau au secrétariat). Ici, c’est sérieux, on
travaille ? !
-
Voilà, en une brève visite, l’essentiel de mon rêve éveillé.
Ne me dites pas que je rêve... je le sais ! S’agit-il donc d’un rêve
lucide ?
Quelques (autres) projets collectifs de Frédéric L.
MIR :
-
L’intercode
ARCHIPEL: le proto-langage que j’ai « contrapté » jusqu’à maintenant est bien fruste et bien
« straight » en regard de ce que la collectivité
humaine saura (saura pas ?) (enfin, on ne se saura pas seul)
inventer. L’intercode ARCHIPEL est encore un prototype, un essai,
un geist larvaire, mais déjà il présente un aspect pratique indéniable.
Il faut sans conteste tout reprendre, notamment donner un nouveau
visage au « projet ARCHIPEL », et en
particulier, isoler chacun des mots, les placer en rapport avec
leurs assomptions méta-lexicales, leurs synonymes, les commentaires
qui s’y rapportent, leurs liens idématiques, etc. Projet de
publication. Co-équipiÈrEs, bienvenuEs !
-
l’idématique : science qui serait aux idées ce que
l'informatique est à l'information. J'ai déjà développé
quelques axiomes de cette science ainsi qu'un début d'interface sur
Access
-
Nouvelle Anglia : communauté sur un lac avec, idéalement, tout
un village autour et des îles flottantes triangulaires qui dansent
au milieu. Différents domaines de l'esprit et de la nature seraient
explorés sur les berges et, sur l'eau, les îles seraient
l'occasion, entre autres, de faire se rencontrer les projets. Mais
elles serviraient surtout au jardinage et à l'énergisation de
l'ensemble: sur le lac, pas d'arbres, donc pas d'ombre, donc plus de
soleil! Énergie solaire et végétale! L'eau ne manquerait pas pour
arroser les plantes... Pas d'arbres, donc plus de vent, donc plus d'énergie
éolienne, sans compter l'énergie des vagues... Et puis, au fond du
lac, l'eau est toujours à 4 degrés C, donc frigo naturel... Et l'hiver? Eh bien l'hiver, on ramène les îles sur terre, dans une
clairière et on monte un chapiteau habitable où chaque hexagone
formé de 6 îles (surmontées de trépieds qui en font des tétrahèdres)
peut recevoir une plateforme commune... le tout recouvert par une
toile qui garde la chaleur, avec des pans en plastique transparent là
où (et quand) le soleil tape. Les îles peuvent aussi faire des
petites maisons très convenables, surmontées par un dôme géodésique
léger qui renforce la structure ou par des tentes tétrahédriques
suspendues aux trépieds (disons... 5 tentes par île, en comptant
la plateforme aménagée juste sous le sommet de chaque trépied).
Le plus merveilleux dans tout ça? C'est que ça monte avec les
innondations!
-
L’autobus de poésie : Ce projet est né d'un besoin d'indépendance,
d'art et de communauté. Voici le concept: on achète un ancien
autobus scolaire qui aura pour mission de parcourir un circuit
reliant plusieurs commerces, boîtes ou communes. Les frais seront
payés par le montant que nous verseront ces commerces, boîtes ou
communes en échange de ce que notre autobus s'arrête devant leur
porte. Le Vaisseau d'Art #1 pourra ainsi, par exemple,
commencer sa journée en faisant des transports gratuits (i.e. déjà
payés) de gens et de produits d'une place à l'autre, puis, vers
midi, il pourra patrouiller le Plateau et les rues tranquilles
d'Outremont, avant de monter à l'assaut du Mont-Royal, où il s'arrêtera,
le temps d'un pic-nic. Après quoi, il pourra redescendre et faire
la tournée des restaurants, boîtes, cafés, etc. Une petite
bibliothèque, quelques instruments de musiques et des jeux de société
assureront une bonne ambiance à l'intérieur du véhicule. Le soir
venu, on y projettera un film pour pas cher, près d'un parc de
cartier.
-
L’interfa·so : sofa-interface d'exploration
multi-sensorielle.
-
L’institut des questions sans réponse : description à venir.
-
La machine à voyager dans le subjonctif : celle-là, il faut
absolument qu’on la fasse !
Mais qui donc est Frédéric L. MIR ?
Idéaliste par vocation, mais encore au seuil de quelque véritable réalisation.
J’aime innover, créer, « tripper ». Mes
domaines de prédilection sont l’écriture, les romans, l’idéalistique*,
le rêve poétique, les arts visuels. J’ai réussi des morceaux, des «
fragments », des esquisses, peut-être bien la
substance d’idées germinales (« small is beautiful »).
Maintenant que j’ai eu tout le temps de méditer je sais bien qu’il
n’y a rien comme la pratique.
Me voilà aujourd’hui, à trente ans,
artiste inaccompli, penseur éparpillé (free tinkerer), écrivain hyperflemmard, génie sporadique, etc. Mon verdict médical ? Je me
prescris un mode de vie plus convivial, la fréquentation, voir même la
proximité, de groupes oeuvrant collectivement et de concert, toujours
dans le plus grand consensus possible, cela impliquant bien entendu une
grande souplesse et de bons réflexes. Donc, de l’exercice, de la
pratique, et même hop ! un petit effort de temps en temps.
* Idéalistique : science appliquée (d’où le
« tique ») consistant, d’une part à commencer des projets par
leurs aspects prédilectionnels et aussi (c’est l’autre part) à
commencer beaucoup de phrases par « idéalement »
ou quelque équivalent joliment sophistiqué.
Conclusion
En espérant que cette lettre soit instigatrice d’une aventure
transformante et roquembolesque, fondatrice d’un bourdonnant nuage de
communautés multicolores et d’autres projets aussi fertiles en
associations tripantes qu’ajustés dynamiquement, aux goûts souples
et consensuels de la constellation des êtres qui y participeront
Frédéric
L. MIR
Avril 2000
Pour vous abonner à l’envoi des lettres ou de messages vous
informant qu’une lettre a été ajoutée à l’archive, ou pour faire
parvenir une lettre ouverte aux abonnéEs des Lettres ouvertes du projet
Novalis, SVP, écrivez au comité des Lettres ouvertes, lesquelles sont
présentement dispatchées par moi : flemire (at) cam.org.
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