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19-12-2023

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Les sans-abris - sans domicile fixe - les SDF

Structures d'accueil, lieux d'hébergement en France

 

Un sans domicile fixe (SDF) est une personne qui dort dans la rue ou dans des foyers d'accueil. On parle aussi de sans abri ou d'itinérant. Le mot clochard a tendance à tomber en désuétude à cause de sa connotation péjorative et réductrice (« la Cloche » désigne parfois l'ensemble des clochards) [réf. nécessaire].

SDF est la nouvelle appellation en France depuis le milieu des années 1980 [réf. nécessaire]; ce nom succède à la notion de vagabond, ou chemineau (celui qui « fait le chemin »), si présent dans la vie en France au XIXe siècle. Les sans-abris sont souvent dits en situation d'exclusion sociale, bien que ce terme prête à débats. Nombre de sans-abris, en effet, travaillent (CDDs ou intérim) et peuvent donc difficilement être qualifiés de « marginaux ».

L'Insee recense 86 000 sans-domicile en France, 200 000 personnes en habitat précaire, 2 millions sans sanitaire de base, alors qu'on affiche officiellement 100 000 places d'hébergement pérennes.

 

 

 

  

Room-Rom                                   Jean-Luc Sauvaigo

 

De tout temps, on a parlé de vagabonds, clochards, clodos, sans-abri, sans domicile fixe, SDF…

Depuis quelques années, les médias s’emparent du sujet, de façon récurrente, surtout durant l’hiver. On nous explique, on nous montre la misère dans laquelle vivent les SDF : les conditions de vie les problèmes d’hygiène, relationnels, de nourriture, de sommeil, les centres d’hébergement, etc. ...

Les pauvres sont plus ou moins dans la situation de l’étranger qui se trouve pour ainsi dire matériellement en dehors du groupe dans lequel il réside.

Les SDF malgré leur visibilité de façade sont invisibles aux regards ordinaires des jours ordinaires.

Aucun groupe social n’est pourtant à la fois plus visible et plus facilement identifiable que les SDF dans les villes d’Europe. Les SDF ne répondent pas à toutes les caractéristiques que nous attendons des hommes, ils ne répondent pas aux traits humains qui nous sont familiers.

 

 

Enquêtes: Au coeur de dispositifs d'aide de plus en plus ciblés, les SDF restent pourtant une population mal connue. Deux enquêtes, l'une sociologique, l'autre ethnologique, apportent de nouveaux éléments de compréhension.

http://www.scienceshumaines.com/qui-sont-les-sans-domicile-fixe-_fr_2812.html

La péniche Le Fleuron - Structure d’accueil, d’hébergement et de réinsertion de l’Ordre de Malte France, le Fleuron Saint Michel est conçu comme un tremplin vers la réinsertion, appelé à accueillir 30 hommes (jeunes, anciens actifs, maîtres-chiens) entre 18 et 55 ans, désirant reprendre pied de façon durable dans le monde du travail.  Aujourd’hui, un SDF est encore obligé de laisser son compagnon de route pour bénéficier d’une nuit au chaud, d’un repas, d’une douche… En effet, aucun centre d’hébergement d’urgence n’acceptant les animaux, le sans-abri est contraint d’abandonner son chien, son compagnon d’infortune. Pour la plupart d’entre eux, cette séparation est impossible car le lien qui les unit est tellement fort, qu’ils préfèrent rester dehors, même en plein hiver. Depuis août 1999, amarrée à un quai de la Seine, une réussite hors du commun. 

30 millions d'amis

 

Sans domicile fixe - définition

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sans_domicile_fixe

L'Unafo est une association composée de 34 gestionnaires de foyers ou de résidences sociales, d'appartements de différentes capacités d'accueil, représentant 670 lieux d'hébergement et plus de 120 000 lits, situés dans toute la France.

http://www.unafo.org/

Le droit au logement - Globenet - L’Association Droit Au Logement (DAL) a été créée en 1990, par des familles mal-logées ou sans-logis et des militants associatifs de quartier

http://www.globenet.org/dal/index.php3?page=ACTUAINS

Aidons les sans-abris

http://www.aidons-les-sdf.com/

Réforme de l’accueil des sans-abri : les conditions de la mise en oeuvre

http://www.fnars.org/ 

L'exclusion enfin à la portée de tous : Sans domicile fixe, prison, asile de nuit, foyer d'hébergement, soupe populaire, petits boulots, solitude, aide médicale gratuite, éducateur spécialisé, fin de droit, revenu minimum d'insertion...

http://webxclusion.ifrance.com/

La Nation des sans-abris est le seul site Web au Canada créé par et pour des sans-abris canadiens. Grâce à un réseau national de travailleurs des services d'approche, le projet de Nation des sans-abris déploie tous les efforts possibles pour offrir les outils aux sans-abris canadiens, afin qu'ils puissent partager leur histoire, leur philosophie unique et leur opinion avec d'autres Canadiens.

http://homelessnation.org/

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ParaSITE un abri gonflable pour SDF à raccorder sur une bouche d'air chaud - The paraSITE units exist as small, collapsible packages with handles for transport by hand or on one's back.

http://michaelrakowitz.com/parasite/ 

Cabane Roulotte - Lauriers de la Construction Bois 2007  - The Flake House

http://www.maisonapart.com/edito/immobilier-les-lauriers-de-la-maison-bois-p11-315.php 

Un module pour l'habitat d'urgence

http://www.batiactu.com/edito/un-module-autonome-pour-l-habitat-d-urgence--diapo-p2-22004.php 

Habitat minimum et mobile pour situations d’urgence team - Encore heureux + G studio

http://encoreheureux.org/site4/architecture/room-room 

Room-Room habitat d'urgence

http://www.gstudioarchitecture.com/ 

Habitat d'urgence autonome démontable, autoconstruit 33m2 pour environ 400 Euro - fiche technique , explication, plan, tuto, anarchie pratique, écologie profonde...

http://ecoclash.over-blog.org/article-19066405.html 

 

Shigeru Ban, architecte de l’urgence - Paper Log Houses - Maisons en tubes de carton -

Humaniste, fonctionnelle, ingénieuse, poétique, l'architecture de Shigeru Ban recycle des matériaux préfabriqués - containers, tubes de carton, textiles et redéfinit nos façons d'explorer l'environnement ou les modes d'habiter. Maison sans mur, façades escamotables, espaces flexibles, chambres à coucher mobiles... Le Japonais ouvre l'espace et crée des agencements modulables. Déshabille les maisons pour privilégier la lumière. Décline des espaces en plein air, abrités ou complètement clos. Et tisse des relations intimes entre intérieur et extérieur, entre paysage et habitat, entre espace public et privé. en savoir +

Il expérimente sans de cesse de nouvelles enveloppes pour habiter, des musées, des écoles comme des abris d'urgence, solutions d'hébergement contextuelles et pragmatiques pour les victimes de catastrophes naturelles.

Aujourd'hui, il conçoit une architecture avec des matériaux peu chers. Il expérimente des structures en papier ou containers ou des murs rideaux et des pièces modulaires montées sur roulettes dans des maisons élégantes à l'esthétique minimaliste.

http://www.shigerubanarchitects.com/ 

 

Micro-maisons en roseaux en Thaïlande - TYIN architecture humanitaire Norvège - Trondheim

Emergency Architecture 

http://www.tyintegnestue.no/ 

http://www.tyintegnestue.blogspot.com/ 

http://www.trendir.com/house-design/tag/compact-home-designs

 

Habitat d'urgence autonome démontable, autoconstruit 33m2 pour environ 400 Euro - fiche technique , explication, plan, tuto, anarchie pratique, écologie profonde...

http://ecoclash.over-blog.org/article-19066405.html

Habitat minimum et mobile pour situations d’urgence - team - Encore heureux + G studio

http://encoreheureux.org/site4/architecture/room-room

Room-Romm habitat d'urgence

http://www.gstudioarchitecture.com/

ParaSITE un abri gonflable pour SDF à raccorder sur une bouche d'air chaud - The paraSITE units in their idle state exist as small, collapsible packages with handles for transport by hand or on one's back.

http://michaelrakowitz.com/parasite/

Un module pour l'habitat d'urgence - Un habitat léger, indépendant des réseaux de distribution et facilement relocalisable : c’est le projet qu’a développé le cabinet d’architectes Clé Millet international à travers les «modules de solidarité». Destiné aux sans-abris, qu’il s’agisse des SDF ou des personnes délogées de leur habitat par une catastrophe naturelle, ce système se veut avant tout une solution d’urgence.

http://www.batiactu.com/edito/un-module-autonome-pour-l-habitat-d-urgence--diapo-p2-22004.php

Clé Millet Architecture - module d'habitat d'urgencee

http://www.clemilletinternational.com/

 

La yourte comme habitat d'urgence - logement pour les SDF

Je suis étudiant à l'école d'architecture de Strasbourg et dans le cadre d'un séminaire de 5ème année, mon sujet de réflexion se porte précisément sur le thème du logement pour les SDF. Le cours que je suis m'offre la possibilité d'imaginer et de réaliser en grandeur nature mon projet. Etant toutefois au début de mes recherches et après avoir lu votre message, il semblerait que vous pourriez me fournir de nombreuses réponses. L'idée de mon projet est de créer des "abris" pour les SDF pour une période délimitée qui serait grosso modo entre novembre et mars, l'idée serait de leur offrir un abris dans lequel ils puissent s'identifier tout en ayant un attachement relatif. Pour ce faire j'ai imaginer un espace démontable se présentant au premier abord comme une boite, qui une fois dépliée s'ouvre pour offrir à son locataire un espace d'environ 10m² avec 1 lit simple ou double, et des rangements. Ces modules pourraient se combiner et offrir des "chambres doubles" pour les couples. Chaque meubles auraient plusieurs fonctions, le lit une fois rangé pourrait par un mécanisme très simple se convertir en table, une planche du placard pourrait se tirer et offrir un siège. L'idée est que le locataire puisse "l'aménager" à sa guise et qu'il puisse y laisser des affaires durant le temps qu'il souhait moyennant un loyer "dérisoire" mais obligatoire et sociabilisant. Maintenant que je vous ai brièvement expliquer le projet je voulais savoir si des projets proches de celui que je traite ont déjà vu le jour, si l'idée même est imaginable, pas d'un point de vu constructif mais plus social. Est ce que ces modules pourraient fonctionner seuls ou faut-il y rajouter une structure d'accueil plus lourde, des sanitaires... Dans l'attente de votre réponse merci. Vous pouvez me contacter à l'adresse suivante : t.gibert (at) caramail.fr 

 

Un homme seul, à la rue de surcroît, dispose de peu de moyens pour s'en sortir. Par contre, plusieurs personnes se regroupant constituent une force d'action incomparable avec les possibilités d'un individu isolé. Au sein du groupe, une synergie peut être créée, les informations et les compétences s'échangent permettant d'influer sur le cours du destin. L'objectif du projet est de permettre à des personnes en difficulté d'accéder à un logement et de se regrouper sous l'égide d'une association afin de pouvoir démarrer et poursuivre une démarche de réinsertion. Il s'agit d'offrir à l'association une structure dans laquelle elle pourra fonctionner. Cette structure est nomade, elle appartient à l'association qui peut l'installer sur des terrains inoccupés ; ainsi, il est possible de bouger d'un terrain à un autre en laissant derrière soi le site intact.

 

Le projet est articulé autour de l'idée du village. Le village comporte une yourte associative, espace communautaire d'échanges, une yourte destinée à stocker du matériel et des vivres divers et des yourtes d'habitation individuelles. Ainsi, les personnes qui y trouvent refuge disposent d'un espace individuel, personnel où se ressourcer à l'abri du regard de l'autre. Cet espace, connecté aux différents réseaux (eau, électricité) permet de se reconstruire une identité sociale par les gestes du quotidien : hygiène, préparation des repas, etc... Cet espace individuel fonctionne en collaboration avec la yourte associative qui regroupe toutes les fonctions collectives : assistance sociale, aide à la réinsertion, réunions et activités de groupe dans un espace ouvert et convivial. Le tout, démontable et transportable, assure certains critères de robustesse et de confort car les personnes qui vont y vivre se lancent dans une démarche de réinsertion qui ne peut fonctionner sur une période courte. Différentes associations s'occupant de réinsertion tablent sur des périodes de 6 mois minimum reconductibles. De plus, la structure doit être réutilisable pendant longtemps, c'est donc un investissement à long terme pour l'association qui la gère.

 

Le village est géré par une association avec la participation et la responsabilisation des personnes hébergées. Il est important que chacun participe tant au montage des yourtes qu'à leur entretien. Toutefois, il ne suffit pas d'accéder à un logement pour restituer des repères sociaux. Un encadrement associatif est indispensable au bon fonctionnement de cette structure, cet encadrement permet de reconstituer un lien avec les administrations sociales et le monde du travail.

 

Un village, un projet politique - Communauté Emmaüs à Pau dans le sud de la France

des alternatives sociales, culturelles, écologiques, économiques... au centre desquelles elle place l'homme.

http://www.emmaus-lescar-pau.com/

Bâtir sa maison avec des matériaux recyclés, le tout pour moins de 30 000 euros c’est possible si l’on en croit les responsables de la communauté Emmaüs de Lescar-Pau, dans le sud-ouest de la France Germain Sarhy a fondé et dirige depuis 30 ans, près de Pau, la plus importante communauté Emmaüs de France. Ici tout est financé par la récupération et on lance des alternatives tous azimuts. La dernière en date : se séparer des mobile homes, trop gourmands en énergie et créer un village « écoconstruit » pour et par les Compagnons. Emmaüs

http://gensol.arte.tv/emmaus-eco/

L'éco-habitat reconstruit l'homme par Village Emmaus Lescar Pau

http://www.dailymotion.com/video/xn7px3_l-eco-habitat-reconstruit-l-homme_webcam

Créons des Alternatives par Village Emmaüs Lescar Pau - Une utopie dans laquelle se mêlent l’accueil, la rencontre et l’activité. 05:35

http://www.dailymotion.com/video/xyjnpg_creons-des-alternatives_webcam

Emmaüs, un village, un projet politique. Un Film de Dominique Gautier, 2013 - 50:14

http://www.dailymotion.com/video/x2765dc_emmaus-un-village-un-projet-politique_webcam

 

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Qui sont les sans domicile fixe ?

GILLES MARCHAND

Source: http://www.scienceshumaines.com/qui-sont-les-sans-domicile-fixe-_fr_2812.html 

 

Au coeur de dispositifs d'aide de plus en plus ciblés, les SDF restent pourtant une population mal connue. Deux enquêtes, l'une sociologique, l'autre ethnologique, apportent de nouveaux éléments de compréhension.

 

17 octobre 2002, « Journée du refus de la misère ». Comme c'est le cas depuis la première édition en 1987, de nombreuses manifestations ont eu lieu, éparpillées dans de grandes villes françaises et étrangères, dont Bruxelles et New York. Quand on évoque la misère, l'image des sans domicile fixe (SDF) vient naturellement à l'esprit. Et pour cause : ils sont visibles dans les rues, les stations de métro ou les gares. Une présence - voire une appropriation de certains lieux - dans l'espace public, qui selon Julien Damon, « provoque depuis une vingtaine d'années des réactions dans la population (généralement compatissantes, mais parfois hostiles), un intérêt médiatique et scientifique et un investissement institutionnel (déploiement de programmes ponctuels et de politiques de long terme) » (1). A partir d'une analyse de documents (plus de 9 000 coupures de presse, des décrets et des lois, des données sur les dépenses publiques) et de recherches, le sociologue, par ailleurs responsable de la recherche et de la prospective de la Caisse nationale des allocations familiales, tente de dresser un état des lieux de la question SDF. Or, le constat général trahit le principal problème auquel sont confrontés les associations, les politiques publiques et plus généralement tous les acteurs de la prise en charge : « Dans un dialogue sur les sans-abri, les interlocuteurs parlent rarement de la même chose. »

 

Qu'entend-on par le terme de SDF ? Les personnes qui fréquentent des services destinés aux sans-abri ? Celles qui, sans habitat stable, vont d'une adresse à une autre ? Ou bien celles qui « peuvent être spontanément repérées dans la rue comme SDF », autrement dit l'image d'Epinal des clochards ? Si on prend en considération la complexité de la prise en charge - mesures d'urgence l'hiver, programmes sur le long terme touchant aux soins, à l'emploi, ou encore au logement - et les modes d'intervention, la situation s'approche dangereusement d'un véritable sac de noeuds : « La prise en charge des SDF est un ensemble hétéroclite de réponses à un problème hétérogène, sans véritable principe d'action unificateur. »

 

Même si, donc, la question SDF reste « un problème hétérogène », les études menées depuis une dizaine d'années permettent de mieux comprendre les caractéristiques de cette population. Ces travaux soulignent que « les SDF, même les plus marginalisés, ne vivent pas dans un monde différent. Au contraire, on observe un continuum de situations entre les personnes vivant dans la rue et celles qui séjournent dans des centres d'hébergement [...] ou des logements précaires. » Pour comprendre ce qu'est la population des SDF, il faut retenir de ces travaux que, d'une part, elle n'est pas constituée d'un « stock » humain figé, mais faite d'entrées et de sorties. D'autre part, elle n'est pas une catégorie sociale homogène, le vécu de l'un, en termes de revenu, de lien social ou de logement ne correspondant pas à la situation d'un autre. J. Damon considère les SDF, pour son analyse, comme la cible d'une action publique. Il les envisage également comme des acteurs sociaux, agissant selon des croyances, effectuant des choix, développant des stratégies à plus ou moins long terme, et ayant des opinions, des idées, des valeurs. Leurs décisions peuvent être mal comprises - par exemple refuser d'être hébergé dans des structures spécialisées - mais ne sont pas pour autant irrationnelles - le refus peut être motivé par le besoin de préserver sa dignité ou le rejet d'une promiscuité trop douloureusement subie. Par acteur, il faut aussi entendre que le relâchement des liens n'équivaut pas à une situation de mort sociale. Les relations familiales, l'intégration ou le lien de citoyenneté peuvent être modifiés, transformés, fragilisés, ils n'en restent pas moins existants. Et pour rendre compte de leur mode de vie, J. Damon emploie le terme de bricolage, au sens « de débrouillardise, de tâtonnements et de capacités d'adaptation », un bricolage des ressources qu'ils peuvent saisir.

 

Tout d'abord, les SDF bricolent par nécessité économique, mais pas seulement. Les SDF cherchent à améliorer des conditions d'existence instables et frustrantes, en déployant des ressources d'imagination et d'innovation. Ils sont obligés de vivre au jour le jour, et doivent faire face aux imprévus du quotidien. Même s'ils agissent souvent seuls, certains d'entre eux échangent des conseils et des « tuyaux » avec d'autres sans-abri. Chacun gère sa vie à sa façon, utilise ou non les aides publiques proposées, tâtonne, découvre et affine ses méthodes de survie, mais toujours en disposant « d'une vue d'ensemble sur ce qu'il veut et peut faire en fonction de ses compétences et de ses objectifs ». Avec le temps, les SDF se constituent des répertoires de discours ou d'action, qu'ils adaptent selon le contexte, et nombre d'entre eux connaissent très bien la nature et la qualité des services proposés par les différents acteurs de la prise en charge. « La vie quotidienne des SDF ne peut donc être une existence bohème, chaotique, désordonnée, irrationnelle. » Elle est au contraire faite d'habitudes et de rythmes assez précis, qui peuvent être largement suffisants pour occuper une journée. Mais ces répertoires d'action évoluent, les modalités de bricolage également, en fonction des évolutions du système de prise en charge et des étapes personnelles de la « carrière » SDF.

 

Sous l'angle de la pathologie mentale

Très loin de la vision du SDF comme acteur social, un ouvrage paru en 2001 (2) a fait grand bruit, notamment auprès des acteurs sociaux de la prise en charge. Se plaçant dans une toute autre perspective de celle de J. Damon, le psychanalyste et ethnologue Patrick Declerck propose le fruit de quinze ans de travail de proximité avec une frange spécifique des SDF, les clochards. Selon lui, pauvreté et exclusion sont insuffisantes pour rendre compte de ce phénomène : « L'histoire de ces sujets, quel que soit leur milieu social, fait généralement apparaître une psychopathologie personnelle lourde, doublée d'une pathologie familiale importante. » Les phénomènes de désocialisation semblent, chez certains, dominer le tableau. Pour preuve, la « perte répétée, quasi programmée », des papiers d'identité. Il souligne également « l'immense résistance au changement souvent opposée par les clochards à toute amélioration durable et structurelle de leur état ».

 

Trois constantes ressortent d'après lui de l'approche clinique : des dysfonctionnements précoces dans l'enfance (relations maternelles perturbées, troubles du sommeil et de l'alimentation, scolarité problématique) ; de nombreux traumatismes psychiques et physiques les ayant touchés, eux ou leurs proches ; enfin un alcoolo-tabagisme qu'on retrouve comme une forte composante familiale. La clochardisation, pour P. Declerck, est un état irréversible qui n'aboutit jamais à une réinsertion. « Si pour ces sujets, il n'y a jamais eu insertion, comment pourrait-il y avoir réinsertion subséquente ? », s'interroge-t-il. En fait, ces SDF seraient dans une dynamique de répétition de l'exclusion : « Le clochard est un exclu qui en est venu à ne plus pouvoir vivre autrement que dans l'exclusion perpétuelle de lui-même. »

 

J. Damon reproche à cette vision son point de vue limité de la problématique SDF. « Dans cet ordre d'idée, les sans-abri constituent une population pathologiquement distinguable de la population générale, et la question SDF devient un problème qui ne s'analyse pas en termes d'inégalités et de mobilité sociale, mais en termes de morbidité et de catégorie singulière. » Et dans une interview récente, il rappelle que des gens s'en sortent, des « contre-exemples parmi ces gens que l'on dit complètement foutus ». Même si leurs positions divergent sur certains points, les différences tiennent avant tout à la manière d'approcher la population SDF. Plutôt qu'opposées, les deux analyses semblent en fait complémentaires...

 

NOTES

1 J. Damon, La Question SDF. Critique d'une action publique, Puf, 2002.

2 P. Declerck, Les Naufragés. Avec les clochards de Paris, Plon, 2001.

 

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